L'ÉGLISE SAINT VINCENT DU MAS
L'énorme popularité de Saint-Vincent, les miracles qui lui
étaient attribués, les pèlerinages très importants qui se rendaient dans
son église ne sont sans doute pas étrangers à la construction de la
basilique du Mas.
Eglise romane du XIe siècle
(classée) qui possède un Rembrandt mondialement connu
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Bâtie sur les ruines du temple païen de Vernemetis,
une première église chrétienne existant en 440 fut dévastée par les
Wisigoths. Rebâtie en 541, c'est la nef centrale de l'église actuelle. En 1086 cette
église fut agrandie des deux nefs latérales et, pour ce faire, on pratiqua
de grandes ouvertures en forme de voûte dans les deux murs de l'ancienne
église. Le clocher et le chœur datent de ce même temps. Ce travail dura
quarante ans, ce qui est inhabituel pour l'époque où il n'était pas rare
de mettre un siècle pour construire une église. C'est un pur style roman
peu courant car encore très fruste. L'église fut souvent remaniée au cours
des siècles mais il existe des vestiges superbes de l'église du XIe siècle
: - à l'extérieur
: la porte latérale donnant sur la place coiffée de trois
arcades, l'arcade centrale est ornée d'une poursuite d'hommes et d'animaux
représentant les vaches maigres du Nil. La pierre trop tendre qui a été
employée n'a pas résisté à l'usure du temps. - le chevet présente la partie la
plus remarquable et la mieux conservée. A noter les nombreuses“ signatures
” des tailleurs de pierre qui utilisaient ce système pour preuve et donc
paiement de leur travail. - à l'intérieur : le chœur est la
partie la plus soignée et la mieux conservée de l'église. Ses dimensions
font penser à une cathédrale. A souligner une arcade géminée formée de
trois colonnes en marbre des Pyrénées qui proviendraient de la basilique
primitive. - les chapiteaux :
de la basilique du VIIe, on aurait conservé une dizaine de
socles et chapiteaux. Au total, on compte 21 chapiteaux historiés,
réalisés en marbre gris des Pyrénées. Les plus remarquables seraient du
Maître de SAINT-FERME ou de ses élèves.
Au long des
siècles, notre collégiale s'est peu à peu transformée: - au XIVe siècle,
elle fut allongée de deux travées et enrichie dune chapelle
gothique ; - en 1860,
le fond de l'église fut refait, on ouvrit une grande porte et
quatre fenêtres qui éclairent le monument ; - en 1860. le curé Marque commanda
un chemin de croix sculpté dans la pierre par le sculpteur Abbal de
Moissac. Il a été posé en 1870 pour la somme de trois mille francs .
- en 1873, le maire
fit démonter le clocher qui, soi-disant menaçait de tomber . - en 1878, la porte
latérale fut bouchée en même temps qu'on démolissait les échoppes bâties
contre l'église et qu'à la place, on élevait un mur solide certes, mais
qui choque l'œil. Par un vitrail cassé, près de la halle, on voit la voûte
de l'ancienne porte.
Au moment des travaux exécutés au fond de l'église,
on fit démonter par le célèbre Cavaille-Coll, le bel orgue du XVIe. Les
pièces de cet orgue furent déposées chez plusieurs “ honnêtes ” habitants
du Mas, mais quand on voulut remonter cet instrument, tous les tuyaux
avaient disparu. Les chiffonniers étaient passés par là ! Le seul souvenir
qui nous reste est un angelot jouant de la trompette. Il ornait le fronton
de l'orgue, il est maintenant dans la chapelle latérale.
Le
mobilier, lui aussi, s'est peu à peu enrichi. C'est ainsi que l'on peut
voir : - une statue de bois de
0,80 m de haut appelée NOTRE-DAME de la Providence et classée du XVIe
; - un tableau de l'École
Espagnole représentant “ l'Adoration des Mages ”, il est classé XVIIe
; - une statue de Saint Jude en bois
doré, classée XVIe ; - les belles stalles qui ornent le chœur de
l'église.
Elles ont posé un problème quant à leur origine. Parmi
plusieurs versions, celle-ci, la plus vraisemblable, est retenue par de
sérieux historiens.
Le 30 mai 1691, Don Nicolas
Bègue, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, Prieur de
Saint Pierre de La Réole, demandait à Jean Tournie, maître sculpteur de
Gourdon en Quercy, de faire un chœur et deux chaires pour son église. Un
contrat très détaillé et signé fût passé, dans l'étude de Maître Vergnol
de Villeneuve d'Agen (sur Lot), le 30 mai 1691.
Des difficultés surgirent entre ce prieur et la communauté de La
Réole pour le paiement de cet ouvrage. Le Prieur du Mas, mis au courant,
fit une transaction plus ou moins cachée et, c'est de nuit, que quatre
bouviers portèrent au Mas ces panneaux qui étaient encore dans leur
emballage. Les chaires, par contre, ne furent pas livrées avec le reste.
Elles sont installées dans la chapelle de l'hôpital de La Réole.
En 1970, M. l'Abbé Kelly, après avoir enlevé la
chaire bâtie dans l'église, chaire qui, selon lui, n'était pas en harmonie
avec l'ensemble de l'édifice, demanda à acheter une de ces chaires pour la
monter au Mas. Refus catégorique lui fut opposé. Car, lui dit-on : “ Le
Mas a pris les stalles, mais n'aura pas les chaires ! ”
L'Église
possède le célèbre tableau de Rembrandt.
En 1840, elle fut classée Monument Historique grâce aux demandes
de l'Abbé Mellingre.
Le 13 mars 1900, à la
demande de M. l'Abbé Bert, curé du Mas, une partie des reliques de Saint
Vincent qui se trouvaient jusqu'alors à l'abbaye de Conques retrouvèrent
leur place au Mas et furent déposées dans un coffret en bois qui est la
reproduction fidèle en modèle réduit du sarcophage de marbre.
M. le Curé Bert demanda aux dames du Mas d'apporter
tous les bijoux en or qu'elles voudraient donner pour garnir ce coffret.
La quantité offerte fut telle qu'après avoir luxueusement habillé d'or ce
reliquaire, il en resta assez pour recouvrir d'une feuille d'or la statue
en bois de Saint-Vincent qui se trouve au fond de l'église, en face de la
statue de Saint-Jude.
Enfin, en 1990, un petit
sanctuaire en l'honneur de Saint-Vincent a été aménagé. Il regroupe le
sarcophage, les bas-reliefs de l'ancien autel et le reliquaire dans sa
splendide châsse, le tout reposant sur un piédestal. Dimensions de
l'église actuelle : - Longueur : 45 mètres. -
Largeur : 26,20 mètres. - Hauteur de la voûte de la nef :
11,60 mètres. - Hauteur de la voûte du chœur : 13,50
mètres. - Hauteur de la voûte du transept : 16,60 mètres.

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